Le temps d'une escapade
Pour un week-end en avril depuis Pékin, Luoyang vaut le détour! Si la ville en soi n’a pas grand-chose d’attractif, il s’agit néanmoins de la bonne saison pour s’y rendre. Voici quelques raisons:
– Y visiter l’impressionnant site de Longmen, grottes et cavités bouddhistes à même la falaise, surplombant la rivière Yi, c’est certain ;
– Vous rendre au Temple du Cheval Blanc, monastère dont l’histoire remonte au 1er siècle après J.-C. pourquoi pas ;
– Parcourir les rues de la vieille ville de Luoyang et goûter à ses spécialités, forcément ;
– Pousser un peu plus loin jusqu’au berceau des temples Shaolin à Dengfeng près de Zhengzhou, c’est une option ;
– Mais aussi et surtout car c’est la saison des pivoines qui fleurissent entre la mi-avril et la mi-mai, et rehausseront le tout de jolies couleurs, rose, rouge, jaune ou blanche 🙂
Luoyang, dans la province du Henan, est facilement accessible en train; à 4h de la capitale, on peut partir pour un long week-end.
Si vous êtes à Shanghai, ou ailleurs, Luoyang peut faire l’objet d’un périple plus long incluant Xi’An, Pingyao, Wutaishan et Datong par exemple.
Le festival des pivoines a lieu chaque année du 15 au 25 avril, au Jardin National des Pivoines de Luoyang (situé dans la petite ville de Mongshan juste à côté de Luoyang). Ce Jardin est spécialisé dans les pivoines … c’est-à-dire qu’on y trouve plus d’1 million de pivoines de 1200 sortes différentes :O Les pivoines de Luoyang sont les plus belles, les plus grandes, fleurissent plus longtemps, bref elles font la richesse et la fierté de la région! L’une des pivoines, qui mesure 3 mètres (!) de haut, aurait 1600 ans (!!). Elle est surnommée le « Roi des Pivoines ».
A l’occasion de l’ouverture du Festival, des festivités sympathiques sont prévues:
Un autre jardin est situé juste en face du Temple du Cheval Blanc (mentionné au début de cet article ↑), ce qui permet de faire d’un pierre deux coups ; le Jardin des Pivoines de Shenzhou, dans le style d’architecture et de paysage de la dynastie Tang (618 – 907), contient 30000 pivoines de 840 sortes.
D’autres jardins feront votre bonheur : le Jardin de Xiyuan, le Jardin National des Fleurs de Luoyang, le parc Wangcheng, le Jardin International des Pivoines de Luoyang, le Jardin National des Fleurs de Chine, le Jardin des Pivoines (tout court), le Jardin des Tulipes de Luoyang (où se trouvent aussi des pivoines), ou encore le Jardin Botanique des Reliques des Dynasties Sui et Tang… Ouf.
Cependant, plutôt que de vous perdre à visiter chacun des jardins… n’oubliez pas de visiter aussi les sites qui font la renommée de Luoyang toute l’année. En voici un petit aperçu en photos (mais en janvier).
Les grottes de Longmen, au sud de la rivière Yi au sud de Luoyang, regroupent 2300 niches et petites grottes dans lesquelles ont été sculptées des représentations de Bouddha et de différentes déités, les plus anciennes datant de la Dynastie des Wei du Nord (au 5ème siècle ap. J-C.). Beaucoup ont aussi été construites pendant la Dynastie Tang (618 – 907). Elles sont considérées comme étant les grottes bouddhistes les plus importantes en Chine, avec celles de Mogao à Dunhuang, et celles de Yungang à Datong.
A côté des grottes, vous découvrirez le petit temple de Xiangshan, dont la beauté et la tranquilité ont été loués par l’Empereur Qianlong au 18ème siècle. Il s’y trouve aussi l’ancienne demeure de Jiang Jieshi (mieux connu sous son nom de Chiang Kai-Shek, leader nationaliste qui s’est retiré à Taiwan après la guerre civile entre communistes et nationalistes, qui a vu l’avènement de la République Populaire de Chine) et sa femme Song Meiling. Cette villa contient encore quelques objets d’époque et portraits, il est intéressant d’en parcourir les deux étages. Elle a été semble-t-il offerte par le gouvernement local à Chiang Kai-Shek à l’occasion de son 50ème anniversaire.
Puis vos pas vous porteront vers le jardin et la tombe du poète Bai Juyi, qui a également apprécié le charme, la beauté et la tranquilité de sa maison surplombant la rivière, pendant ses vieux jours, loin des considérations sociales qui avaient fait de lui un grand poète satirique de son époque (dynastie Tang). Il est dit de lui qu’il écrivait ainsi et méditait en buvant du baijiu (l’alcool de riz chinois).
De retour en ville, passez la porte des anciennes fortifications et faites un tour dans les ruelles de la vieille ville, petit morceau de vie préservé de la folie des grands buildings :
Si vous avez le temps, découvrez le temple du Cheval Blanc, à l’extérieur de la ville : ce monastère encore actif à l’atmosphère tranquille et apaisante porte les marques du temps. Ses bâtiments actuels datent des dynasties Ming (1368 – 1644) et Qing (1644 – 1912) et n’ont pas été aussi rénovés ou reconstruits que d’autres sites culturels et historiques plus connus ; cette patine du temps est agréable à observer. L’histoire du monastère remonte cependant bien au-delà : selon la légende, les premières écritures bouddhiques y ont été amenées en 68 ap. J.-C., par deux moines indiens et portées par un cheval blanc. Invités par l’Empereur de Chine, les deux moines séjournèrent à Luoyang pour y traduire les textes sacrés.
A côté du monastère, vous vous sentirez soudain transportés dans un vortex spatio-temporel :
Ces complexes de temples et statues bouddhistes tout neufs ont été érigés en signe d’amitié entre différentes cultures bouddhistes : un temple, de style indien, célèbre les deux moines ayant apporté les écritures bouddhiques au 1er siècle ap. J.-C. ; deux autres complexes y ont été ajoutés pour souligner les relations avec la Thailande et la Birmanie.
Enfin, n’hésitez pas à visiter le musée de Luoyang ! Cette structure immense possède une belle collection d’objets retrouvés à toutes les époques, et, une fois n’est pas coutume, les explications en anglais dans chaque salle sont assez bien faites et intéressantes. Vous pourrez enfin remonter le temps et imaginer Luoyang au faîte de sa grandeur, lorsque cette aujourd’hui petite ville était la capitale de l’Empire du Milieu, et que commerçants, religieux, artisans, paysans, marchands, nobles et aventuriers se cotoyaient dans une immense brouhaha cosmopolite !
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